Né à Chiconi, au cœur de l’île de Mayotte, Nassuf Djailani incarne l’une des voix littéraires les plus puissantes et engagées de la région indianocéane. Journaliste, poète, dramaturge, romancier et éditeur, il trace une œuvre traversée par les mémoires, les luttes et les rêves d’un territoire souvent invisibilisé : l’archipel des Comores.
Un parcours entre îles, lettres et engagement
Après une enfance bercée par les récits des confréries soufies Qâdri et Chadhuli, Djailani quitte Mayotte pour La Réunion, puis Marseille, où il passe son bac, avant d’intégrer l’École de journalisme de Bordeaux. Il travaille aujourd’hui à France Télévisions, tout en menant en parallèle une œuvre littéraire exigeante et profondément ancrée dans son territoire natal.
Fondateur de la revue Project-îles, puis des Éditions Project’îles, il milite pour une meilleure visibilité des arts et littératures de l’océan Indien. Il collabore également avec de nombreuses revues, telles que Interculturel Francophonies, Ubu scènes d’Europe ou encore Mange Mondes.
Une œuvre plurielle, entre poésie, roman, théâtre et mémoire
Djailani débute avec « Roucoulement », texte lauréat du Grand Prix de l’océan Indien en 2005. Il s’illustre ensuite au théâtre avec « Les Dits du bout de l’île », joué au Festival OFF d’Avignon en 2016, et « En finir avec Bob », créée en 2020.
C’est cependant la poésie qui lui offre une reconnaissance nationale : en 2019, il publie Naître ici (Éditions Bruno Doucey), salué par la revue NRF comme « l’affirmation d’une voix de poète », et récompensé par le Prix Fetkann–Maryse Condé en 2020. Il enchaîne en 2022 avec Daïra pour la mer, dans la même maison.
Son roman « Cette morsure trop vive » (Atelier des Nomades) reçoit le Prix Ahmed Baba en 2022, et en 2024, il co-signe avec le bédéiste malgache Dwa la bande dessinée Chiconi, terre d’Histoire, une fresque entre mémoire collective et regard critique sur l’histoire locale.
Une littérature en archipel
Écrivant en français et en kibushi, Djailani célèbre les langues de Mayotte comme des espaces de résistance et de transmission. Son regard, à la fois tendre et lucide, embrasse la complexité des sociétés comoriennes et mahoraises. Il invite à voir l’île non comme une périphérie, mais comme un centre riche de récits, de douleurs, et d’humanité.
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